Journal d'ascétisme
Emilien Rouvier
La chair du Christ est patiente, m'attendra-t-elle encore longtemps?? On nous l'a rendue fade à l'instar des hosties, consolation des vieilles filles, oubliant qu'elle fut, comme la chair de tout dieu, produit de rêves érotiques.
La chair du Christ est patiente, m'attendra-t-elle encore longtemps?? On nous l'a rendue fade à l'instar des hosties, consolation des vieilles filles, oubliant qu'elle fut, comme la chair de tout dieu, produit de rêves érotiques.
Où mènent les pèlerinages et la quête d'absolu ? Pas toujours où l'on s'y attend...
Lors d'un périple autour de la ville sainte d'Assise, le narrateur écrit son journal de voyage. Son amour des paysages italiens tient lieu de décor à sa quête de sacré. Le désir de spiritualité est néanmoins d'abord désir.
«J'ai toujours éprouvé la nécessité de Dieu, dans la peau et dans le sexe, et ce sans jamais y croire», écrit-il. Le religieux se mêle au profane, la confusion des sens exacerbée par la marche quotidienne nourrit l'attrait du pèlerin pour les corps. Le voyage se voulait solitaire mais les rencontres furtives permettent d'assouvir l'ardeur d'appétits plus terrestres.
Ce Journal d'ascétisme est une passionnante réflexion sur la soif de spiritualité et sur les liens étroits qu'entretiennent mondes chrétiens et païens. L'érudition d'Émilien Rouvier, son regard sur la peinture et sur la culture se teinte d'humour à chaque page et d'autodérision féroce envers le pèlerin amateur qui triche autant avec Dieu qu'avec lui-même. Un premier livre qui révèle une écriture virtuose et précieuse, spirituelle et drôle.
Clément Bataille interroge lui aussi le lien entre païen et divin mais sa recherche, où se mêlent l'histoire de l'art, le magique, l'érotisme, se nourrit d'une autre confusion. Les déplacements qu'il opère nous interrogent sur l'ambiguïté des représentations et des symboles.
Chemin de fer. 104 pages