Lorsqu’Andréa sent le regard de Sophie posé sur elle dans les couloirs du lycée, elle y répond par une fin de non-recevoir. Elle n’est pas intéressée. L’avenir est cependant malicieux. Au fil des ans, dans un train, devant un cinéma ou sur la plage, un curieux chassé-croisé va s’installer.
Et alors que Sophie n’espère plus, il semblerait qu’Andréa puisse enfin
se laisser séduire…

" (...)  Sophie reprit son souffle et ses appuis en fouillant du regard le couloir où se massaient les élèves. Elle cherchait la personne qui hantait ses pensées depuis quelques semaines. Elle avait vu, simplement assise sur un des bancs de la cour, une fille aux gestes gracieux, à la nuque sublime, et la surprise, mêlée au choc, l’avait plantée là pour mieux la contempler. Comment ne l’avait-elle pas remarquée avant ? Elle avait mené son enquête et découvert qu’elle était en terminale littéraire, option maths. Un jour, postée derrière le portail, incapable de s’éloigner du lycée à la fin des cours, elle l’avait vue se diriger vers l’internat, après l’étude. Elle l’imaginait, depuis, venir de l’autre bout du département, ce qui l’auréolait d’un peu de mystère.
Elle la localisa, de dos, près de sa salle et son trouble s’accentua. Son rythme cardiaque s’emballait à chaque fois et elle adorait ça.(...) "

" (...) Sur le siège presque en face d’elle s’installe une jeune femme blonde aux cheveux courts. Elle la reconnaît dans l’instant, ne peut retenir un regard interdit, suspendu, ne peut prononcer un mot et sortir de sa bulle.
— Salut, dit Sophie tout en ôtant sa veste pour la poser sur le siège vide à côté d’elle. Elle s’assoit confortablement, croise les chevilles, allonge les avant-bras sur les accoudoirs.
— Salut, murmure Andréa, captivée par le bleu infiniment bleu des yeux rivés sur les siens.
— On était dans le même bahut, je sais pas si tu te rappelles.
Elle fait oui de la tête, alors que tout lui revient avec une aisance déconcertante, l’omniprésence de cette fille dans les couloirs du lycée — dans ses pensées ? — la décision de mettre un terme à sa cour distante (...) "

Editions KTM. 193p