Il est toujours délicat d'aborder le thème de l'Occupation et le cas de Jean Cocteau ne fait pas exception. En dépit de l'absence de condamnation par les tribunaux et les comités d'épuration, l'image de Cocteau charrie avec elle ce que l'on pourrait qualifier comme une part de légende noire. En effet, en publiant dans Comoedia, le « Salut à Breker », le 23 mai 1942, Cocteau signe un texte d'hommage au sculpteur Arno Breker, artiste proche d'Hitler. Cet hommage entachera durablement l'image du poète et restera un élément indélébile à chaque fois qu'il sera question du poète et de l'Occupation : sa tribune de Comoedia est la pierre angulaire du portrait de Cocteau en collaborateur. Soixante-dix ans après, il est important de revenir sur cette période de l'Occupation qui relève davantage du gris que du noir, en dépassant les passions et les querelles. Ce numéro des Cahiers se propose donc de rouvrir le dossier Cocteau non dans une optique de condamnation mais dans une logique d'instruction. Il s'appuiera sur des documents de l'époque, articles dans la presse, témoignages et textes de Jean Cocteau, qui permettront au lecteur de « juger sur pièces ». Ce volume présente aussi l'activité cinématographique, que Cocteau a poursuivie, pendant l'Occupation, Et particulièrement sa contribution à la genèse du film, Juliette ou la clé des songes. Ce numéro des Cahiers Cocteau est présenté par Audrey Garcia, professeur à l'Université Paul Valéry Montpellier et par David Gullentops, professeur à l'Université de Bruxelles (V.U.B.), co-éditeur des OEuvres poétiques complètes de Jean Cocteau (Bibliothèque de la Pléiade, 2005), et directeur des Cahiers Jean Cocteau. Non Lieu. 224p