D'une maison de passe en Bolivie aux clubs libertins parisiens, du mariage de convenance à la prostitution, peut-on réduire les transactions sexuelles à un rapport dominant-dominé ? Les auteurs, au plus près de la réalité vécue, montrent la fluidité des frontières de la sexualité entre marchand et non-marchand. Contre la propension des sciences sociales à distinguer la sexualité « commerciale » et la sexualité « ordinaire », l'anthropologue et féministe radicale italienne Paola Tabet affirme que la sexualité des femmes est dans tous les cas l'objet d'un accaparement rétribué par les hommes, sous des formes variées allant du commerce sexuel au mariage, d'où l'expression d'« échange économico-sexuel ». Tourisme sexuel, prostitution, stratégies matrimoniales, rétribution de services sexuels masculins, relations transnationales ou situations plus insolites : revendiquant ou dépassant ce positionnement, les auteurs observent au plus près des situations diverses de transactions sexuelles. Des femmes « blanches » et leurs guides sahraouis aux portes du désert à la banlieue de Paris ; De madame Visa qui collecte les mariages de convenance à l'exogamie nationale en Philippine : L'imbrication des rapports de pouvoir qui conditionnent les logiques de l'échange sexuel, notamment à travers les facteurs « racial », générationnel, de classe ou d'orientation sexuelle est complexe. Le regard d'ethnographe des auteurs, près de la réalité « vécue », montre combien sont ténues les lignes qui séparent, dans les comportements des personnes, intérêts et sentiments, calculs et affects, stratégies conscientes et ressorts inconscients. Editions EHESS. 448p