- Coup de cœur
Avec Bacon
Franck Maubert
La force et l'intransigeance de la vision de Francis Bacon n'ont pas d'égal dans la seconde moitié du XXème siècle. Bacon incarne, plus que tout autre artiste, « la » peinture. Il est l'homme le plus extraordinaire qu'il m'ait été donné de connaître. Dans les années 80, mon travail de journaliste d'art, à L'Express, me permit, non sans avoir insisté, de rencontrer à plusieurs reprises Francis Bacon. À Londres, tout d'abord, dans son atelier de South Kensington, puis à diverses occasions, lors de ses passages à Paris. Nous conversions aussi parfois au téléphone, tôt le matin. Il parlait en toute liberté, sans tabou, de tout et de choses sans importance. Bacon adorait parler, parler l'excitait...
La force et l'intransigeance de la vision de Francis Bacon n'ont pas d'égal dans la seconde moitié du XXème siècle. Bacon incarne, plus que tout autre artiste, « la » peinture. Il est l'homme le plus extraordinaire qu'il m'ait été donné de connaître. Dans les années 80, mon travail de journaliste d'art, à L'Express, me permit, non sans avoir insisté, de rencontrer à plusieurs reprises Francis Bacon. À Londres, tout d'abord, dans son atelier de South Kensington, puis à diverses occasions, lors de ses passages à Paris. Nous conversions aussi parfois au téléphone, tôt le matin. Il parlait en toute liberté, sans tabou, de tout et de choses sans importance. Bacon adorait parler, parler l'excitait. Ce n'est pas un texte d'historien ou de critique. Il est absurde d'écrire sur la peinture, certes, mais l'oeuvre de ce génie s'impose. Il est le seul à restituer avec autant de virtuosité et d'énergie la vérité du drame intérieur. Cri, violence, étreinte : il y a quelque chose d'héroïque à oser dire ce que la société étouffe. On se détourne difficilement de ses images. Je l'observais, l'enregistrais, prenais des notes, rien ne le gênait. Rendez-vous dans son atelier, dans les restaurants, les bars londoniens ou parisiens, de jour comme de nuit, à discuter, boire, manger, jouer : ce livre retrace ces moments rares partagés avec Bacon, joyeux nihiliste, et éclaire l'homme exquis qu'il fût, loin de sa réputation de « monstre ». Gallimard. 144p