Les eaux du Danube
Jean Mattern
Avant cette conversation avec le professeur de philosophie de son fils, les jours s'écoulaient selon un rythme immuable pour le narrateur de ce bref et saisissant roman d'un ébranlement : issu d'une bonne famille lyonnaise, marié depuis près de vingt ans à Madeleine avec qui il est venu s'installer à Sète, Clément Bontemps est un être d'habitude, bon mari et bon père, heureux d'ouvrir à horaires fixes son officine de pharmacien.
Avant cette conversation avec le professeur de philosophie de son fils, les jours s'écoulaient selon un rythme immuable pour le narrateur de ce bref et saisissant roman d'un ébranlement : issu d'une bonne famille lyonnaise, marié depuis près de vingt ans à Madeleine avec qui il est venu s'installer à Sète, Clément Bontemps est un être d'habitude, bon mari et bon père, heureux d'ouvrir à horaires fixes son officine de pharmacien. Il a suffi que le professeur Almassy évoque le désarroi dans lequel le mutisme du père plonge le fils pour que la surface lisse de l'existence de Clément se craquèle. Seul dans la maison familiale en ce mois de juillet, celui qui ne s'est jamais posé de questions, bien trop soucieux de se prémunir contre toute émotion, va peu à peu se retrouver confronté à lui-même, aux silences et aux non-dits de sa propre histoire. Son mariage de convenance, la naissance de son fils avant terme, les origines hongroises de sa mère : autant de sujets qu'il lui faudra aborder, tant sa manière raisonnable de vivre jusque-là ne lui paraît plus suffisante. Georges Almassy, dont le nom dit les racines hongroises elles aussi, lui sera d'une aide providentielle pour assembler les pièces d'un puzzle familial qui, des bords de la Méditerranée, vont le conduire, de manière totalement inattendue, vers les eaux du Danube juste après la deuxième guerre mondiale... Jean Mattern nous rappelle avec brio que la littérature s'écrit sur les vérités enfouies.
Sabine Wespieser. 136 pages