Lacan presque queer intervient au coeur du débat opposant les militants queer et les spécialistes des études de genre aux psychanalystes. Il évalue la pertinence des critiques politiques développées par les premiers tout en rappelant l'exigence émancipatrice de l'expérience psychanalytique (revue par Lacan) et l'ampleur de son analyse historique de l'évolution de l'éthique des sociétés occidentales (de l'antiquité à la modernité).

Lacan presque queer examine les termes du débat (entre champ freudien et philosophie queer), les critiques portées contre la psychanalyse par des grandes voix de la subjectivité queer. L'auteur en dégage les attendus théoriques dont le succès de la french theory ou du poststructuralisme, qui a porté les avant-gardes américaines à refouler l'apport du structuralisme français de Lévi-Strauss et donc de Lacan. Il réalise plus généralement une mise au jour de tout ce que la recherche de Lacan apporte quant à l'histoire de l'éthique de l'homme moderne. Cette histoire dépend de celle de la mythologie occidentale (avènement du christianisme, mort des dieux et invention de la cage du fantasme), de la réforme de Luther (promotion inédite de la figure du diable), impératif de l'amour du prochain, recul devant l'objet et idéalisation de l'autre (Amour courtois et sublimation), tentative d'atteindre l'autre et son échec (Sade), angoisse face aux diverses formes de la Chose motivant la fuite de l'homme moderne s'avérant in fine être un fugitif (devant la Chose) et le prisonnier de son fantasme comme l'illustre assez bien le Dr Dayan (héros de la série à succès En thérapie) dont l'évocation boucle ici l'étude des grands paradigmes de l'éthique en Occident (et de ses impasses).

Eres. 250 pages