Azur noir
Alain Blottière
Léo vient d'emménager avec sa mère à Montmartre, à l'endroit même où Verlaine et Rimbaud se sont rencontrés et aimés cent cinquante plus tôt. Durant cet été caniculaire de « fin du monde », alors qu'il croit devenir aveugle, le garçon voit renaître le Paris des deux poètes et en fait son ultime refuge. Avec cette intense évocation d'Arthur Rimbaud à 17 ans par un jeune Parisien d'aujourd'hui, Alain Blottière poursuit sa série de portraits d'adolescents confrontés à la violence du monde, commencée avec Le Tombeau de Tommy en 2009.
« On ne pouvait pas savoir quel temps il faisait à Paris ce 20 septembre, mais Léo dans sa chambre caniculaire imagina qu'il faisait chaud. Il vit Rimbaud retirer sa veste et la tenir à l'épaule, prendre la rue de Strasbourg puis s'engager dans le boulevard de Magenta vers le nord. Il avait quitté Paris depuis trop longtemps déjà, six mois plus tôt, après deux semaines d'errance à coucher sous les ponts, crasseux, affamé, dévorant des déchets trouvés dans les tas d'ordures mais entrant dans les bonnes librairies pour feuilleter impatiemment les recueils de nouveaux poètes qu'il trouvait toujours trop délicats ou trop fades, français. Cette fois, il lui semblait certainement que Paris déjà lui appartenait et qu'il n'allait plus jamais en repartir. Verlaine avait été empêché, devait-il penser, et l'attendait chez lui. Il lui avait donné son adresse, rue Nicolet, à Montmartre, tout près de la gare. » Léo vient d'emménager avec sa mère à Montmartre, à l'endroit même où Verlaine et Rimbaud se sont rencontrés et aimés cent cinquante plus tôt. Durant cet été caniculaire de « fin du monde », alors qu'il croit devenir aveugle, le garçon voit renaître le Paris des deux poètes et en fait son ultime refuge. Avec cette intense évocation d'Arthur Rimbaud à 17 ans par un jeune Parisien d'aujourd'hui, Alain Blottière poursuit sa série de portraits d'adolescents confrontés à la violence du monde, commencée avec Le Tombeau de Tommy en 2009. Gallimard. 160p.