Eloge de l'érection. Lycaon, apologie du désir
Barbara Polla
Avec pour toile de fonds la création contemporaine, ce livre pose la question des liens entre l'érection et la vision du monde. L'érection est comprise ici comme une manifestation première du désir, de la joie, de la fertilité ; comme un évènement sacré, une conquête et une fierté, y compris d'un pays tout entier. L'inspiration est venue de Dimitris Dimitriadis. Dans "Je meurs comme un pays", l'auteur dépeint un pays où les femmes ne conçoivent plus d'enfants, où les soldats déposent les armes et désertent, un pays en involution dans lequel même la langue se meurt. À partir de ce texte, nous proposons un retournement de paradigme, et nous envisageons l'érection comme une antithèse à la mort. Lycaon, une apologie du désir, est un texte inédit de Dimitris Dimitriadis.
Avec pour toile de fonds la création contemporaine, ce livre pose la question des liens entre l'érection et la vision du monde. L'érection est comprise ici comme une manifestation première du désir, de la joie, de la fertilité ; comme un évènement sacré, une conquête et une fierté, y compris d'un pays tout entier. L'inspiration est venue de Dimitris Dimitriadis et de son texte prémonitoire : Je meurs comme un pays (1978) : l'auteur y dépeint un pays où les femmes ne conçoivent plus d'enfants, où les soldats déposent les armes et désertent, un pays en involution dans lequel même la langue se meurt. À partir de ce texte, nous proposons un retournement de paradigme, et nous envisageons l'érection comme une antithèse à la mort. Le rôle symbolique, dans notre avenir européen et au-delà, du désir, de l'élan vers l'autre et de l'érection est discuté de divers points de vue : psychologique et politique, artistique et architectural, poétique et symbolique, mythologique et philosophique. L'ensemble des textes émane de la conférence du 22 novembre 2013, intitulée : Je bande comme un pays. En deuxième partie, Lycaon, une apologie du désir, est un texte inédit de Dimitris Dimitriadis. L'homme, voué à l'alternance insurmontable de la potentia et de l'impotentia, de la position debout et de la position couchée, se devait de trouver une manière de détourner la « petite mort » par une érection durable et visible. L'architecture aura été, de tout temps, l'une des grandes consolatrices de la détumescence et de la mort. L'architecture est une incarnation de la puissance, de la dignité, des visions qu'une ville, voire un pays, ont d'eux-mêmes. L'« érection » de gratte-ciels et autres bâtiments d'envergure, monuments, stèles, pyramides, menhirs ou totems... signe la puissance des hommes dément leur « débandade ». Mais l'architecture n'est, de loin, pas la seule consolatrice : quand Dimitris Dimitriadis dit « on est prêt à éjaculer. Donc à créer ». Toute création se réalise comme substitut de jouissances autres, l'érection chez l'homme, d'autres jouissances chez les femmes. Les artistes femmes parlent d'ailleurs elles aussi d'orgasmes créatifs, d'accouchements - et parfois d'éjaculations. Editions Le Bord de l'eau. 160p