La tyrannie du genre
Marie Duru-Bellat
La famille, l'école, les amis, les médias veillent soigneusement à ce que chaque enfant apprenne ce qu'il est censé être compte tenu de son sexe déclaré à la naissance. Il est temps de laisser s'exprimer la multiplicité et la richesse des différences individuelles, de rejeter les assignations identitaires et les définitions brevetées qui enjoignent d'être strictement l'une ou bien l'autre.
La situation respective des hommes et des femmes se présente, dans notre pays, sous un jour contrasté. D'un côté, tout un arsenal législatif garantit une égalité formelle dans la plupart des domaines. De l'autre, dans la vie quotidienne, femmes et hommes continuent de connaître des opportunités inégales, qu'il s'agisse de choix éducatifs et professionnels, de liberté dans la présentation de soi ou la sexualité, de création personnelle ou d'accès au monde politique. Ces différences masculin/féminin ne sont pas systématiquement perçues comme des inégalités : elles sont justifiées par des croyances en des distinctions essentielles entre femmes et hommes. La nature est volontiers convoquée pour rappeler le rôle de chacun. La famille, l'école, les amis, les médias veillent soigneusement à ce que chaque enfant apprenne ce qu'il est censé être compte tenu de son sexe déclaré à la naissance. Il est temps de laisser s'exprimer la multiplicité et la richesse des différences individuelles, de rejeter les assignations identitaires et les définitions brevetées qui enjoignent d'être strictement l'une ou bien l'autre. Presses de Sciences Po. 310p