A la folle jeunesse
Ann Scott
Au fil d´une journée où se croisent ceux qu´on a trop aimés ou pas assez, un passé resurgit et se déconstruit peu à peu. À la folle jeunesse exprime, avec le plus de sincérité possible, les plus gros mensonges. Et inversement.
« C´est le dernier jour, mais je ne le sais pas encore. Exactement comme au moment où a été pris ce Polaroïd. Je dois avoir dix ans, mes yeux sont plissés de fureur parce qu´on me force à me tenir face au soleil ou parce que je n´existe qu´en photo ; le tee-shirt bleu ciel des Dents de la mer ne me rappelle rien, le banc de sable qu´on devine flou derrière non plus, et du jour où cette photo a été prise, je ne sais que ce qu´on m´en a dit : qu´après l´avoir éventée pour la faire sécher, au lieu de l´empocher comme n´importe quel parent, ma mère me l´a tendue comme si elle ne voyait vraiment pas quoi en faire. Maintenant je la regarde sans me reconnaître tant je n´ai aucun souvenir d´avoir été aussi déterminée, aussi certaine, à cet âge, de ce que j´étais et de ce que je refuserais de devenir, et je finis par penser que si je dois quelque chose à quelqu´un, c´est à cette gamine énervée qui ne fixait pas sa mère mais un point déjà bien au-delà. » Au fil d´une journée où se croisent ceux qu´on a trop aimés ou pas assez, un passé resurgit et se déconstruit peu à peu. À la folle jeunesse exprime, avec le plus de sincérité possible, les plus gros mensonges. Et inversement. J'ai lu. 124p