Sensible Moyen Âge. Une histoire des émotions dans l'Occident médiéval
Damien Boquet, Piroska Nagy
Que peut-on savoir de la vie affective du Moyen Âge ? Sur ce sujet longtemps négligé, les sources sont pourtant nombreuses : la littérature profane et spirituelle, l'iconographie, les chroniques, mais aussi la théologie et la médecine nous livrent mille indices sur la place des émotions dans la vie sociale.
Que peut-on savoir de la vie affective du Moyen Âge ? Sur ce sujet longtemps négligé, les sources sont pourtant nombreuses : la littérature profane et spirituelle, l'iconographie, les chroniques, mais aussi la théologie et la médecine nous livrent mille indices sur la place des émotions dans la vie sociale. De la colère d'un puissant à l'indignation du petit peuple, de la honte démonstrative d'une sainte à la crainte de la honte d'un grand, de l'amitié entre moines à la souffrance à l'imitation du Christ, de l'enthousiasme d'un groupe de croisés à la peur d'une ville entière face à la guerre ou à la peste qui approche, les exemples sont multiples. L'émotion n'est pas l'expression d'une confusion des esprits ni d'un chaos des règles sociales. Tous ces éclats de joie et de douleur, signes d'une humanité entière, produisent du sens qui ne se comprend que dans son contexte. Tout au long du millénaire médiéval, un modèle chrétien d'affectivité, élaboré à petite échelle dans les laboratoires monastiques, se construit, se répand, pénètre la société, tout en interagissant avec d'autres modèles, déjà présents ou en voie de construction parallèle, comme celui de la culture de cour. D'où qu'on la regarde, on constate que l'émotion au Moyen Âge irrigue les relations sociales, dans une diversité d'interprétations et une vitalité culturelle qui impressionnent. Seuil. 480p