- Coup de cœur
Fantasmâlgories
Klaus Theweleit
Cet ouvrage de 1977 inédit en France, consacré à la question du rapport entre pouvoir et genre, transgresse allègrement les limites des champs disciplinaires. En résulte un ouvrage hybride, mêlant histoire, psychanalyse et gender studies, qui nous plonge au cœur de l'âme virile et de sa dérive fasciste, richement illustré.
Quel lien existe-t-il entre le fascisme et le genre ? C'est à partir de cette question que Klaus Theweleit explore la fascination masculine pour la violence et le pouvoir dans son œuvre colossale Männerphantasien (1977, Verlag Roter Stern).
À l'aide de la psychanalyse et partant d'un large corpus littéraire issu des rangs des corps francs allemands de l'entre-deux-guerres, l'auteur a tenté d'analyser la structure mentale de la personnalité fasciste.
Son ouvrage, qui reste encore à découvrir en France, consacré à la question du rapport entre pouvoir et genre, transgresse allègrement les limites des champs disciplinaires. En résulte un ouvrage hybride, mêlant histoire, psychanalyse et gender studies, qui nous plonge au cœur de l'âme virile et de sa dérive fasciste, avec de nombreuses illustrations en miroir/contre-point/pied-de-nez (des affiches de propagande aux tableaux de maîtres, en passant par des planches de comics américains) et un ton mêlant le sérieux scientifique à la contestation iconoclaste des thèses freudiennes. En se proposant de percer la psyché (érotique) de l'homme soldat dans les textes d'auteurs de l'entre-deux-guerres, Klaus Theweleit refuse de se satisfaire de l'interprétation psychanalytique traditionnelle et, dépassant la stricte période historique du fascisme européen, l'élargit à une analyse intemporelle de l'âme du soldat.
L'édition française, établie et traduite par Christophe Lucchese, a été raccourcie et sort en un seul volume. L'Arche. 576p