- Coup de cœur
Sonnets de l'amour obscur
Federico Garcia Lorca
Dans le sillage de Jean-Louis Schonberg (1956), de Marcelle Auclair (1968), de Ian Gibson (2011), biographes qui n’ont pas occulté l’homosexualité de Lorca, voici en édition bilingue Sonnets de l’amour obscur, onze sonnets d’amour posthumes du poète espagnol. Dernière œuvre du poète et adressés de manière cryptée à un dernier amant, quel qu’il fût, ils méritent à eux seuls une publication séparée
Il y aura 80 ans en 2016, Federico Garcia Lorca était odieusement assassiné près de Grenade où il avait cru pouvoir trouver refuge alors que grondait la guerre civile. En 1971 déjà, Fernando Arrabal ,dans son film Viva la Muerte, montrait la façon atroce dont ce meurtre fut perpétré. Federico fut en effet achevé de deux balles dans l’anus, comme l’écrit Ian Gibson. Ce qui n’est pas sans rappeler une autre mort affreuse, celle d’Edouard II d’Angleterre évoquée par Derek Jarman dans son film éponyme.
Dans le sillage de Jean-Louis Schonberg (1956), de Marcelle Auclair (1968), de Ian Gibson (2011), biographes qui n’ont pas occulté l’homosexualité de Lorca, voici en édition bilingue Sonnets de l’amour obscur, onze sonnets d’amour posthumes du poète espagnol. Dernière œuvre du poète et adressés de manière cryptée à un dernier amant, quel qu’il fût, ils méritent à eux seuls une publication séparée.
Le recueil s’ouvre sur une page de Michel del Castillo et se clôt par une étude qui présente l’homosexualité de Lorca comme une des clés de sa création. Pour répondre à ceux qui verraient dans cette approche une réduction de l’œuvre du poète, nous dirons que cette dimension en enrichit au contraire la portée d’émotion, la force politique et la résonance autant artistique qu’existentielle.
Après l’édition d’André Belamich dans la Bibliothèque de la Pléiade, dont les traductions ont fait connaître Garcia Lorca dans sa diversité au public français, Elodie Blain, jeune traductrice, renouvelle par sa traduction la résonance de ces sonnets. Toute traduction n’est-elle pas une recréation tant pour le détail du sens que pour l’effort de conserver la beauté rythmique d’une forme poétique fixe, celle du sonnet ?
Qui mieux que Luis Caballero, peintre colombien mort du sida en 1995 et marqué comme Federico par la religion catholique « qui a toujours nié le plaisir et prêché la souffrance », pouvait illustrer ce recueil ? Chez l’un comme chez l’autre se mêlent extase et agonie.
Martyr de la cause républicaine espagnole, Federico Garcia Lorca (1898-1936) fut aussi martyr et voix de l’amour interdit. Et avec quel éclat !
¡Ay voz secreta del amor oscuro !
Ô voix secrète de l’amour obscur !
Editions ErosOnyx. 80p