- Coup de cœur
Retour à Duvert
Gilles Sebhan
Retour à Duvert éclaire le destin hors du commun d’un écrivain. À travers lui, c’est l’histoire d’une époque et de ses intellectuels qui se donne à lire, ainsi qu’une traversée des relations complexes qu’y entretiennent le désir et la loi. Pour redécouvrir l’écrivain et l’auteur subversif
« Tony Duvert, le dernier maudit peut-être » confie sobrement, à un détour de son livre, Gilles Sebhan. Sebhan qui compose là, plein de rigueur patiente et de ferveur retenue, un magnifique « tombeau » pour l’auteur de Paysage de fantaisie et de Quand mourut Jonathan. Ni hommage larmoyant, ni déploration hagiographique, mais tentative, pièces en main, photos à l’appui et fort de témoignages sincères (ceux du journaliste Jean-Pierre Tison et du philosophe René Schérer notamment), de dire l’ardent mystère et l’ascèse fatale d’un homme porteur au front d’un signe caïnique, celui des amours pédophiles et d’un attrait exalté pour l’enfance. Une marque infâme le vouant à la solitude, l’exil, l’oubli et à une mort de reclus en 2008, corps confiné et oublié. Remettant ses pas dans ceux de Duvert, Gilles Sebhan suit avec intense gravité, de l’adolescence brillante à l’ermitage coupable, la courbe d’une vie tragique : jeunesse toute en vitalité, émergence d’une sexualité que seule la fréquentation du Maghreb permet d’accomplir, amours secrètes, militantisme frondeur et castagneur, succès de plume, puis repli, solitude, trépas sordide, cendres. Complété de textes rares et de photos privées, Retour à Duvert est une tentative d’accompagner, par-delà la mort, le destin terriblement tenu et voulu d’un écrivain pour qui « ce qui était en jeu (...) c’était la redéfinition de l’enfance, sans quoi l’homme n’a pas de sens ». Le Dilettante. 288p