Pensionnats sadiques
Antonio Dominguez Leiva
Lieu de claustration hiérarchique, pédagogique et homosociale, le pensionnat est, dès sa naissance comme institution disciplinaire, voué inévitablement à hanter l'imaginaire érotique et, inversement, à en être imprégné.
Lieu de claustration hiérarchique, pédagogique et homosociale, le pensionnat est, dès sa naissance comme institution disciplinaire, voué inévitablement à hanter l'imaginaire érotique et, inversement, à en être imprégné. Espace de l´extrême jeunesse et de l´éveil à la vie, il est aussi voué par un oxymore baroque des plus classiques à la mort. Cette riche bivalence explique le rôle crucial que ce lieu de délices et supplices exerce à la fois dans l´iconographie gothique et dans la « flagellomanie » libertine. Une constellation d´imaginaires entropiques découle de cette ambivalence qui vont du pensionnat sadique au pensionnat surnaturel en passant par les giallos, les pinku eigas ou, ô surprise, le cinéma situationniste. De la pédagogie érotique des verges à Harry Potter, la route est longue et pavée de moult horreurs.
Antonio Dominguez Leiva est professeur à l’UQAM (Montréal) et l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire culturelle de la cruauté et de l’érotisme, dont Décapitations, du culte des crânes au cinéma gore (PUF, 2004) et Messaline, impératrice et putain. Généalogie d`un mythe sexuel (Murmure, sous presse) ainsi que ses co-éditions de Le supplice oriental dans la littérature et les arts (Murmure, 2005) et Délicieux supplices, érotisme et cruauté en Occident (Murmure, 2008). Il s’est aussi intéressé à l’histoire des frontières du réel (La vie comme songe. Une tentation de l`Occident, EUD, 2009) et la biographie collective des surréalistes (Sexe, opium et charleston, le murmure, 2007-2011) et a écrit plus d’une cinquantaine d’articles sur des sujets aussi variés que les mangas, les zombies, le "mexico-terror", l’onanisme féminin ou les putti. Il est aussi romancier, avec notamment Los Circulos (Saymon, 2010), et scénariste.