La parenté transgenre
Laurence Hérault (dir)
En proposant de réfléchir sur l’expérience transgenre de la parenté de façon pluridisciplinaire, cet ouvrage veut ainsi prendre la mesure des interrogations qu’elle soulève non pas dans le but de définir un « prêt-à-penser » ou un « prêt-à-évaluer », mais plutôt avec l’idée d’essayer d’élargir les perspectives et d’explorer les manières diverses de comprendre ces modalités actuelles d’engendrement
En 2008, un magazine américain, publiait un article dans lequel un homme transgenre ayant légalement changé d’état civil, Thomas Beatie, annonçait qu’il était enceint d’une petite fille. Son histoire a fait rapidement le tour du monde avec un titre mille fois repris : « Le premier homme enceint du monde ». Cet exemple médiatisé de grossesse masculine, qui a fait surgir la question de la parenté transgenre dans l’univers médiatique, n’est que la partie émergée de l’iceberg. D’autres hommes transgenres ont mis au monde leurs enfants, que ce soit avant ou après leur transition, mais surtout beaucoup de personnes transgenres souhaitent être parents et le deviennent avec ou sans l’aide des nouvelles techniques de reproduction assistée. Aborder l’expérience transgenre de la parenté, c’est être confronté à des hommes qui mettent leurs enfants au monde, à des femmes qui conçoivent avec leur sperme mais aussi à des femmes qui sont pères et à des hommes qui sont mères pour celles et ceux qui ont eu des enfants avant leur transition. On perçoit bien, à l’évocation de ces figures parentales, le caractère potentiellement déstabilisant de ces diverses expériences d’engendrement. Les réactions à la médiatisation de T. Beatie sont d’ailleurs symptomatiques de ce trouble, son histoire étant utilisée assez fréquemment comme symbole des dérives insensées de la modernité face auxquelles il est important de réagir avant que le monde ne coure à sa perte. En proposant de réfléchir sur l’expérience transgenre de la parenté de façon pluridisciplinaire, cet ouvrage veut ainsi prendre la mesure des interrogations qu’elle soulève non pas dans le but de définir un « prêt-à-penser » ou un « prêt-à-évaluer », mais plutôt avec l’idée d’essayer d’élargir les perspectives et d’explorer les manières diverses de comprendre ces modalités actuelles d’engendrement : comment ces expériences se donnent-elles à voir ? Comment sont-elles traitées et reçues socialement et médiatiquement ? Que nous apprennent-elles sur les pratiques et les conceptions contemporaines du genre, de l’engendrement et de la parenté ? Sommes-nous capables de relever le défi qu’elles lancent à nos capacités d’appréhension et de compréhension ? Presses Universitaires de Provence. 140p
Fiche technique
- Genre
- Essais
- Editeur
- Presses Universitaires de France