À la fin de sa vie, un homme revient sur sa rencontre avec Marcel Proust à l'automne 1906. L'écrivain - qui ne l'est pas encore - était venu en villégiature à l'hôtel des Réservoirs, à Versailles, après la mort de sa mère. Le narrateur, le jeune Noël, n'avait que 17 ans. Issu d'un milieu pauvre, il était coursier auprès de l'hôtel et pour une agence de détectives. Il eut l'occasion de retrouver un carnet que Proust avait égaré et dès lors, Proust le traita avec égards, le conviant régulièrement à dîner comme un nouvel ami pouvant le distraire de sa solitude et de son chagrin. Durant leurs rencontres, ces amis improbables échangent sur des faits divers qui défraient la chronique versaillaise, que ce soit un vol, un double meurtre ou une histoire de fantômes. Grâce à son intelligence et à sa sensibilité, c'est depuis sa chambre que Proust parvient à démêler toutes les énigmes, tel Sherlock Holmes. Entre un Rouletabille et un Watson, Noël nous dresse un portrait juste et sensible de Marcel Proust, évoquant tour à tour ses problèmes de santé physique, sa mélancolie à la suite du décès de sa mère, ses désirs d'écriture, son quotidien (la vie à l'hôtel, ses recherches de logement, Félicie). C'est d'ailleurs une partie obscure de la biographie proustienne que l'auteur éclaire : Cette année qui précéda le début de la Recherche. Dans ce roman d'admiration déguisé en roman policier, les dialogues sont savoureux et les intrigues conduites avec un art du suspens digne des romans feuilleton. Gallimard. 432p