Moi aussi j'ai eu une petite amie bisexuelle
Guillermo Martínez
En août 2001, un écrivain argentin est accueilli par une université du sud des États-Unis. Il découvre les interdictions qui régissent les rapports d'un professeur avec ses élèves. L'atmosphère est corrodée par la suspicion, l'obsession du sexe règne. Mais peut-on empêcher la circulation du désir ? Et que faire du désir de Jenny, qui sort d'une relation passionnelle et violente avec une fille ?
En août 2001, un écrivain argentin est accueilli par une université du sud des États-Unis pour un semestre de cours sur la littérature espagnole. Il découvre les interdictions qui régissent les rapports d'un professeur avec ses élèves : ne pas les recevoir dans un bureau fermé, ne pas discuter trop longtemps avec eux, ne jamais se retrouver en tête à tête avec l'un d'eux. L'atmosphère est corrodée par la suspicion, l'obsession du sexe règne. Les textes qu'il choisit d'étudier, les devoirs qu'il donne sont l'objet d'interprétations malsaines. La plus grande littérature est réduite par certains à des ratiocinages de pervers sexuels. Dans cette ambiance, les gestes sont involontairement provocants et l'innocence n'existe pas. Mais peut-on empêcher la circulation du désir ? Le désir, c'est ce qui empoigne Jenny et son professeur argentin dès leur première rencontre. Dans le plus grand secret, ils se retrouvent pour des explorations toujours plus osées du corps de l'autre. La fragilité de Jenny, experte en joutes sexuelles mais si peu sûre d'elle dès qu'il s'agit de sentiments, transforme les jeux érotiques en dévoilement des émotions et des personnalités. C'est pour le professeur un tournant dans leur liaison, quelque chose d'important dans sa vie : il reprend le roman qu'il ne parvenait pas à terminer, y insère une sorte de journal de bord de ses amours avec Jenny. Un tournant pour lui, mais pour Jenny ? Pour elle, leur lien est un rêve, quelque chose détaché de la réalité. Car pour elle l'amour doit faire souffrir, se confondre avec la soumission et l'effacement de soi. Cette sorte de relation mortelle est ce qu'elle a vécu avec sa petite amie, possessive jusqu'à la violence. Face à l'attraction puissante de l'autodestruction, que peut l'amour d'un homme ? Que peut le bonheur face à l'attrait de la mort ? Septembre arrive, les Twin Towers sont détruites, le secret des amants vole en éclats. Chassé de l'université, le professeur doit retourner en Argentine. Désormais, plus rien ne retient Jenny au bord de l'abîme. Nil. 220p