La fille manquée
Han Ryner
" L'Institution Saint Louis de Gonzague était un asile de caresses viriles, un cloaque de joies ignobles. Partout, derrière les vastes platanes des cours immenses ; en étude, à l'abri des pupitres relevés ; dans toutes sortes de coins perdus, des baisers s'échangeaient tout le jour. Le soir, le dortoir vivait d'une infâme vie chuchoteuse et tâtonnante."
Han Ryner (1861-1938) s'inscrit dans la mouvance individualiste et anarchiste. Il n'a cessé de se battre pour la défense des libertés, et en particulier pour toutes les formes d'amour et de sexualité.
En 1903, Sa Fille manquée adopte une vision originale et lyrique des amitiés particulières dans le cadre d'un collège bien précis de Forcalquier, Saint-Louis de Gonzague où il a lui même passé deux années de 1877 à 1879. Cette Fille manquée est si étonnante (et si crue) que la critique contemporaine la plus ouverte n'hésitera pas à la pourfendre. Cela n'empêchera pas Han Ryner d'être élu prince des conteurs en 1912. Extrait : " Je ne sais quelle part de responsabilité doit remonter à chacune de ces causes. Mais l'Institution Saint Louis de Gonzague était un asile de caresses viriles, un cloaque de joies ignobles. Partout, derrière les vastes platanes des cours immenses ; en étude, à l'abri des pupitres relevés ; dans toutes sortes de coins perdus, des baisers s'échangeaient tout le jour. Le soir, le dortoir vivait d'une infâme vie chuchoteuse et tâtonnante."