Proust et les bulgares
Christian Gury
Le tzar Ferdinand I de Bulgarie était passionné de fleurs et de bijoux - la duchesse de Guermantes se gaussait de ses bracelets -, il était amateur de jeunes soldats blonds, «une pure coquine, une vraie affiche », selon le baron de Charlus, fin connaisseur en la matière. Ce Saxe-Cobourg, prince français par sa mère, louvoya longtemps, avant de se ranger côté Austro-Allemands...
Le tzar Ferdinand I de Bulgarie était passionné de fleurs et de bijoux - la duchesse de Guermantes se gaussait de ses bracelets -, il était amateur de jeunes soldats blonds, «une pure coquine, une vraie affiche », selon le baron de Charlus, fin connaisseur en la matière. Ce Saxe-Cobourg, prince français par sa mère, louvoya longtemps, pendant la Grande Guerre, avant de se ranger du côté des Austro-Allemands, M. de Charlus expliquant ce choix par une solidarité de « soeur » avec d'autres souverains homosexuels. Le premier conflit mondial est, pour Proust, l'occasion de nombreuses allusions aux événements des Balkans, et d'une reflexion poussée sur la « neutralité » comme sur le patriotisme, concepts relativisés et compris à partir de la vie privée des individus, le cas du Narrateur étant mis en parrallèle avec celui du roi des Bulgares. Et le mot bougre dérivé de bulgare, jamais employé de manière innocente dans La Recherche, le diplomate emblématique des moeurs de la Carrière et accrédité auprès du souverain bulgare, M. de Vaugoubert, l'a tout entier dans son nom. Non Lieu. 192p