Le serf
Josef Winkler
Josef Winkler compose avec ce livre tourmenté une symphonie funèbre aux thèmes vengeurs : la violence ordinaire de celui qu’il appelle « le laboureur », son père ; la folie croissante d’une sœur à jamais figée dans ses voiles de deuil ; enfin sa propre homosexualité, que sa révolte le conduit à afficher et, face au mépris général, à vivre comme un destin.
Né dans une vallée des Alpes de Carinthie, au sud de l’Autriche, Josef Winkler pourrait fuir son village, gagner les villes, s’installer par exemple en Italie. Mais l’enfant prodigue hait trop son pays pour pouvoir le quitter durablement : c’est sur place, avec pour armes quelques livres admirés et la violence baroque de son écriture, qu’il lui faut mener son combat. « Serf de la mort », il compose avec ce livre tourmenté une symphonie funèbre aux thèmes vengeurs : la violence ordinaire de celui qu’il appelle « le laboureur », son père ; la folie croissante d’une sœur à jamais figée dans ses voiles de deuil ; le lent déclin de sa mère ; la vie méprisée des servantes et des valets de ferme ; la toute-puissance d’un catholicisme qui exalte la souffrance et n’a plus d’autre fonction que répressive ; enfin sa propre homosexualité, que sa révolte le conduit à afficher et, face au mépris général, à vivre comme un destin. Le village de Kamering, brûlé par les enfants à la fin du siècle dernier et reconstruit en forme de croix, acquiert ainsi la force d’un mythe qui contraste avec l’idée que notre temps voudrait se faire de l’innocence perdue du monde rural. Verdier. 304p