A New-York, au début du 21ème siècle, les super-héros sont fatigués : Superman, Batman et les autres ont raccroché les gants, ils sont devenus des hommes et des femmes d'affaires à succès, des vedettes des medias et du spectacle, et tous ont renoncé à leurs super-pouvoirs. Dès lors, qui peut bien vouloir les éliminer un par un ? Car après Robin, l'assistant et ancien amant de Batman, un mystérieux groupe de tueurs menace d'autres cibles. Mister Fantastic et Mystique reçoivent eux aussi d'étranges messages d'adieu, et il semble bien que ce soit dans leur vie privée et leurs comportements sexuels qu'on veuille les frapper... Gallimard, 545 p. L'avis de notre Marco :Point de malentendu : "La vie sexuelle des super-héros" n'est pas un Freak Show, et Mancassola ne signe pas les scénarios de la série "Heroes". Les esprits iconoclastes seront cruellement décus, eux qui n'apprendront décidément rien de plus des ravages provoqués par Ben Grimm et son pénis en béton... On croisera bien sûr Mister Fantastic ou encore Mystique, paniqués à l'idée qu'un sentiment amoureux puisse seulement prendre forme en eux. On se délectera bien évidemment de l'époustouflant portrait d'un Batman aussi sadique que cynique, truculent mais détestable érotomane. On cherchera enfin à comprendre quelle sourde menace pèse sur ces super-héros fatigués qui ont renoncé à leurs pouvoirs pour épouser une existence solitaire et tragiquement rangée... La vérité est pourtant ailleurs. Dans la bouche de Robin, par exemple, mystérieusement assassiné, qui expliquait un jour à son amant : "Devenir réel, c'est ce qu'il y a de pire pour un super-héros."Mancassola se joue avec gourmandise du mythe du surhomme, peignant ces vieilles gloires sur le boulevard du crépuscule, engluées dans de pathétiques contingences humaines. Pis, il esquisse avec froideur un monde possiblement vide de grandeur et de bravoure. Au point de faire germer cette lancinante interrogation, pourtant incongrue : peut-on en réalité vivre sans super-héros ?