Rhizome
Géraldine Jacques
Les diptyques de la série Rhizome abordent la question du genre sous l’angle de l’humour et de la malice. Le masculin et le féminin s’y confondent au point que les modèles eux-mêmes y perdent parfois leur latin. Rhizome est aussi un hommage appuyé à la liberté et à ces œuvres qui méritent d’exister et d’être regardées, contemplées, lues ou écoutées.
En 2014, Tomboy, Tous à poil, Tragédie, Zazie et Max, ou encore Papa porte une robe furent l’objet d’attaques virulentes de la part de responsables politiques, d’associations ou de divers tenants autoproclamés d’un certain ordre moral.
En 1997 sortait Ma vie en rose, film d’Alain Berliner qui met en lumière la même thématique que Tomboy, qui fut majoritairement applaudi par la critique de l’époque et qui reçut de nombreux prix.
Que s’est-il donc passé entre 1997 et 2014 ? L’intelligence collective et la tolérance ont-elles reculé à tel point en moins de vingt ans qu’une œuvre artistique est désormais vue comme pouvant dépraver ou changer l’identité profonde de son public ? Les diptyques de la série Rhizome abordent la question du genre sous l’angle de l’humour et de la malice. Le masculin et le féminin s’y confondent au point que les modèles eux-mêmes y perdent parfois leur latin.
L’art peut nous faire réfléchir, c’est une de ses fonctions fondamentales. Rhizome est une boutade qui tourne en ridicule cet instinct de censure, ainsi qu’un hommage appuyé à la liberté et à ces œuvres (qui incluent la Chapelle Sixtine, les statues antiques ou toutes les œuvres de notre patrimoine culturel qui abordent le genre ou la nudité), qui méritent d’exister et d’être regardées, contemplées, lues ou écoutées. C’est surtout un hommage ludique et malicieux à une valeur fondamentale : la liberté d’expression.
Editions Intervalles. 128p
Geraldine Jacques est une jeune photographe belge. Voilà quelque temps déjà qu’elle regarde la France et d’autres pays se débattre dans un marécage rétrograde teinté d’homophobie, de racisme ou encore d’obscurantisme. Elle observe d’un œil tantôt consterné, tantôt amusé cet alignement d’absurdités. Et ce avec humour, irrévérence, et surtout un immense talent.